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Le réunion annuelle du groupe Bilderberg a eu lieu le week-end dernier en Autriche. Elle a réuni le gratin de l’élite transatlantique, dans le cadre pittoresque du Tyrol autrichien. Depuis 1954, ce club très sélect a pour objectif de développer le dialogue et des liens idéologiques entre les deux rives de l’Atlantique.

Martin Bernard

17 juin 2015 – C’est le plus important rassemblement des élites transatlantiques. La conférence annuelle du groupe Bilderberg s’est terminée dimanche 14 juin 2015 à Telfs-Buchen, dans le Tyrol autrichien. Pour sa 63e édition depuis sa création en 1954, elle a rassemblé pendant trois jours 140 personnalités comptant parmi les plus influentes de part et d’autre de l’Atlantique, toutes issues du monde des affaires et de l’industrie, du renseignement, de la politique, des médias et de l’enseignement supérieur.

Participants et thématiques abordées

Selon la liste officielle des participants consultable sur le site internet de la conférence, se trouvaient en Autriche cette année côté français (outre Henri de Castries, le président du groupe depuis 2012) Alain Juppé, maire de Bordeaux ; Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne ; Laurence Boone, conseillère économique du président François Hollande ; Patrick Calvar, directeur général de la DGSI ; Gilles Kepel, professeur spécialiste de l’Islam et du monde arabe à Sciences Po ; ou encore Catherine Pégard, ancienne rédactrice en cheffe du Point, actuellement présidente de l’Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles.

Côté Suisse, étaient présents notamment Pierre Maudet, conseiller d’état genevois, et Philipp Hildebrand, ancien président de la Banque Nationale Suisse, un des principaux protagonistes derrière la fin du taux plancher et la crise du franc fort début 2015.

Pays d’où sont originaires les participants aux conférences Bilderberg depuis la création du groupe en 1954.

Depuis 1954, la teneur des discussions a toujours été secrète. Un secret remarquablement gardé par tous les participants au fil des ans ; une des conditions pour participer à ces séminaires. Depuis quelques années, cependant, les thèmes devant être abordés sont connus à l’avance. Au programme cette année : l’intelligence artificielle, la cybersécurité, la menace des armes chimiques, les problèmes économiques actuels, la stratégie européenne, la Grèce, l’Iran, le Moyen-Orient, l’Otan, la Russie, le Royaume-Uni, les prochaines élections américaines et le terrorisme.

Encourager le dialogue et développer une idéologie commune

Il ne s’agit pas d’un complot. Ces rencontres ont pour but d’ « encourager et d’affermir le dialogue entre l’Europe et l’Amérique du Nord », peut-on lire sur le site de la conférence. « C’est un forum de discussions informelles concernant les problèmes mondiaux. Les rencontres se tiennent sous la règle de la Chatham House, stipulant que les participants sont libres d’utiliser les informations collectées à cette occasion, mais ils ne doivent révéler ni l’identité, ni l’affiliation des personnes à l’origine de ces informations, de même qu’ils ne doivent pas révéler l’identité des autres participants. ».

Ces règles permettent à l’élite du monde occidental de partager divers points de vue sans avoir à subir de pression de la part des principaux médias (qui participent eux-mêmes au forum). Sociologiquement, ces réunions permettent aussi la formation et le maintien d’une idéologie commune quant à l’analyse et au traitement des problèmes mondiaux. Un point qui a été souligné par Pascal Lamy, ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et participant régulier au forum, dans un entretien en 2011 avec les journalistes Christophe Deloire et Christophe Dubois pour leur livre Circus Politicus.

A l’origine : lutter contre le communisme

Le prince Bernhard de Lippe-Biesterfeld des Pays-Bas (1911-2004), en 1942. Outre le Groupe Bilderberg, il a aussi été président fondateur du WWF de 1962 à 1976

Le prince Bernhard de Lippe-Biesterfeld des Pays-Bas (1911-2004), en 1942. Outre le Groupe Bilderberg, il a aussi été président fondateur du WWF de 1962 à 1976.

A l’origine, au début de la guerre froide, ces rencontres secrètes avaient pour objectif de combattre la montée de l’anti-américanisme en Europe de l’ouest. « Le but était de convaincre les dirigeants européens et américains de resserrer leurs liens et de ne pas baisser la garde face à la puissante Union soviétique », confiait en 2013 au Nouvel Observateur l’ancien ministre français des affaires étrangères Hubert Védrine.

Sur une impulsion du sulfureux prince Bernhard des Pays-Bas, de David Rockefeller et de Jospeh Retinger, la première réunion se tient à Oosterbeek, aux Pays-Bas, dans l’hôtel Bilderberg (qui donna par la suite son nom aux rencontres), du 29 au 31 mai 1954.Pendant plus de dix ans, malgré la puissance et la renommée des participants, le club a gardé l’anonymat le plus complet. Ce n’est qu’en 1976 qu’il fait vraiment parler de lui pour la première fois, en raison d’une affaire de corruption liée à son fondateur et président d’alors, le prince Bernhard. Ce dernier aurait utilisé sa réputation pour appuyer le groupe d’armement Lockheed dans l’obtention de contrats avec l’armée néerlandaise. Des discussions entre le prince et l’entreprise américaine auraient eu lieu en marge de la conférence Bilderberg.

Face aux pressions de l’opinion publique, le groupe s’est vu contraint, il y a deux ans, à une certaine transparence. Il a ouvert un site internet sur lequel se trouve un très bref historique de l’organisation, la liste des participants, les thèmes abordés, et le lieu où se tiendra la prochaine rencontre. La nature des paroles échangées demeure cependant cachée, et presque rien ne fuite. En interne, seuls quelques journalistes de l’hebdomadaire britannique The Economist sont chargés de transcrire les débats.

Copyrights 2015 Martin Bernard

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